Mind the gap - Peter M Kappeler and Joan B Silk
"Attention à la marche"
Aux origines des universaux humains
Présentation ( en anglais)
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Introduction:
1.1 Introduction
What makes us human? This question has occupied people for millennia. A
conclusive answer continues to elude us as we learn more about ourselves and other animals. A series of important discoveries over the last 50 years have led us to largely abandon the search for single traits that are unique to humans. We now know that tool use, language-like communication, lethal intergroup aggression, and an ability to anticipate future events can also be found in other species. However, humans are still quite different from other animals. So, the principal question has become: “What is the nature and the width of the gap that separates humans from primates and other animals?” This edited volume features a collection of essays by primatologists, anthropologists, biologists, and psychologists, who offer some partial answers to this question. In this introductory chapter, we briefly outline the background of this fundamental question about human universals and explain our emphasis on behavioral traits.
1.1 Introduction
Qu'est-ce qui nous rend humain? Cette question a occupé des gens depuis des millénaires. Une réponse concluante continue à nous échapper tandis que nous en apprenons davantage sur nous-mêmes et sur les autres animaux.
Une série de découvertes importantes au cours des 50 dernières années nous ont amenés à largement abandonner la recherche de traits simples qui seraient propres à l'homme. Nous savons maintenant que l'utilisation des outils, l’existence de langues de communication, l'agression mortelle intergroupe, et une capacité à anticiper les événements futurs peuvent également être trouvés chez d'autres espèces. Cependant, les humains sont encore très différents des autres animaux.
Donc, la question principale est devenue: «Quelle est la nature et la largeur du fossé qui sépare les humains des primates et des autres animaux?" Ce volume présente une collection d'essais écrits par des primatologues, des anthropologues, des biologistes et des psychologues, qui offrent des réponses partielles à cette question. Dans ce chapitre d'introduction, nous passons brièvement en revue le fond de cette question sur les universaux humains et nous expliquons pourquoi nous mettons l'accent sur les traits de comportement.
Commentaires.
Des anthropologues, des biologistes, des psychologues et des primatologues se sont penchés sur l'origine des universaux humains. En partant des primates.
Mais il y a des universaux que les humains partagent avec tous les animaux:
- la Quête des Ressources de Vie avec la lutte à mort qui se manifeste quand son manque entraîne la mort de l'un des concurrents.
- la Quête des Ressources de Reproduction parce que la sélection naturelle se fait avec les vivants qui veulent vivre.
Charles Darwin a laissé de côté l'évolution chez les humains, il y a une grande quantité d'héritiers qui souhaitent "terminer l’œuvre". Mais ce n'est pas en s'orientant vers la culture ou la lutte pour les meilleurs gènes qu'il faut aller.
1) Les primates non humains ne doivent pas être considérés soit comme les ancêtres vivants aujourd'hui des humains ni comme le début d'un processus qui aboutit aux humains.
Tous les vivants actuels viennent d'un même ancêtre commun et aucun ne peut être considéré comme l'ancêtre d'un autre: tous ont le même âge.
L'une des règles fondamentales du darwinisme c'est la sélection du plus adapté. Si les bactéries qui existaient il y a 2 milliards d'années - peut-être ou probablement sous une forme différente de celle de nos jours - c'est parce qu'elles ont toujours été adaptées à l'environnement vivant et non vivant du moment. Et ce raisonnement vaut pour tous les animaux des plus simples aux plus complexes, du rotifère à l'humain.
Il ne faut pas les classer selon leur complexité mais selon leur phylogenèse. Nous savons qu'il y a un ancêtre commun aux chimpanzés et aux humains mais nous ne savons quasiment rien sur les étapes de l'évolution de la branche chimpanzé alors que, face à cette pénurie, les traces de l'évolution humaine peuvent être considérées comme immensément riches. Si nous n'avons aucune trace, nous devons nous contenter des lois générales. Si le corps de l'humain a tant évolué depuis 3 millions d'années, celui du chimpanzé a du évoluer également sans que nous ne puissions le prouver.
Cette contemporanéité des chimpanzés et des humains nous oblige à remettre en perspective toute la démarche du livre.
2) Nous en arrivons donc à un problème plus fondamental et plus important celui du prix à payer pour un travail de recherche aussi massif.
Pour parler de l'évolution des humains nous ne pouvons pas faire l'économie d'une science totale de l'évolution de tous les vivants végétaux y compris. Or le darwinisme s'il pose la première brique: celui de l'origine unique de tous, s'arrête dès qu'il a fourni ce premier effort. Pour les mêmes raisons qui résistent encore à son émergence: l'anthropocentrisme et sous-jacente cette réflexion utilitariste :
A quoi cela nous sert-il donc d'approfondir notre science de l'évolution?
Si nous disons que du point de vue de l'évolution un humain vaut un moustique ou une ortie, qui paiera nos recherches? Nous nous focalisons sur l'humain parce que les humains veulent payer pour qu'on les étudie mais cela revient à chercher une clé perdue là où il y a de la lumière et non là où elle a des chances de se trouver.
Nos recherches actuelles en évolution sont par rapport à cet appareil théorique comme l'astronomie ptoléméenne l'est par rapport à la théorie de la Relativité Générale. Nous ne serons efficaces que le jour où nous aurons réintégré tous les vivants dans une théorie dont l'humain ne sera qu'une modalité parmi d'autres. Galilée a faillit être brulé parce que la terre n'était plus le centre du monde. Quand donc cesserons-nous de nous considérer comme le centre du monde? Nous sommes une poussière sur la Terre et la Terre est une poussière dans l'Univers.
3) Mais ce sont les humains qui nous donnent nos ressources de vie. Pourquoi investiront-ils dans ces travaux herculéens? Voici une série de raisons non exhaustive:
- Nous sommes 7 milliards d'humains et l'évolution exponentielle se poursuit. C'est cette augmentation de la population qui est l'origine et le résultat de cet emballement. Plus il y a de cerveaux, plus il y a de progrès technologiques et plus il y a de progrès, plus il y a de cerveaux. Nous ne sommes concernés que par les humains vivants actuellement mais chaque jour, notre activité fait de la place à de nouveaux arrivants.
- Au bout de 150 000 ans, les humains ont colonisé tout l'espace terrestre qui est colonisable par eux. Les frontières, les langues et les cultures sont devenus des obstacles à l'émergence d'un état Terre. Il faut une pensée unificatrice.
- Par leur nombre, les humains ont un impact décisif non sur la Terre mais sur les éléments de la Terre dont ils ont besoin pour leurs ressources de vie et leurs ressources de reproduction. C'est le prix du succès. Il faut une pensée organisatrice.
4) Quelles sont les concepts nouveaux de la théorie générale de l'évolution? Là aussi nous n'en donnons pas la liste exhaustive.
- Pour comprendre l'avenir, nous devons comprendre la passé. Les cellules vivantes apparues il y a 3 milliards d'années font partie de l'évolution de l'univers qui débute il y a 13,7 milliards d'années. Le vivant n'est pas la transcendance de l'univers, il en est intimement constitutif. Quand un vivant - animal ou végétal - meurt il rend ses éléments à l'Univers.
- Les cellules se sont ensuite constituées en corps multicellulaires pour passer d'une "galette" en synergie à des corps organisés constitués selon la règle de la sélection / adaptation. Des ensembles de cellules se spécialisent pour traiter une fonction nécessaire à un corps: alimentation, respiration, reproduction etc... Ce sont les invariants fondamentaux communs à tous les animaux et à tous les végétaux.
- Il se trouve que deux règnes au moins se mettent en place: un règne autotrophe - les végétaux - qui se nourrit directement de l'énergie solaire et de la chimie de la terre et un règne hétérotrophe - les animaux - qui se nourrit de tous les vivants. Ce dernier doit être mobile et c'est ainsi qu'apparaît le cerveau. Tous les animaux ont un cerveau. Voici un invariant commun à tous les animaux.
- Les animaux vivent dans les eaux, dans les airs, sur les terres et dans les forêts. Sur la terre et dans les arbres apparaissent des mammifères: des animaux vivipares qui nourrissent leurs petits avec des sécrétions de leur corps. La protection du petit inaugure la socialisation. Ce sont les invariants des mammifères.
- Les arbres hébergent des primates. Ceux ci doivent être agiles, posséder une bonne vue, maîtriser l'espace et anticiper les risques liés au déplacement dans un univers mouvant et incertain. Le redressement et l'émergence des mains en est le résultat. Ce sont les invariants des primates.
- Des primates descendent des arbres il y a 3 millions d'années et trouvent dans leur main un outil et une arme qui alliée à la socialisation vient à bout de tous les autres animaux. Outils, armes et sociétés sont les invariants des humains.
5) Seule la théorie de l'évolution des vivants liée à la théorie de l'évolution de l'Univers peut en être le fondement des actions des humains, aujourd'hui.
- Nous sommes en 2013 plus précisément environ en 13 700 000 000 ans depuis le Big Bang. Il n'y a aucune raison de penser qu'il y aura encore des centaines, de millions voire des milliards d'années devant nous. Il y a 3 millions d'années notre cerveau pesait 600 grammes et le seul outil que nous avions était notre main. Dans 3 millions d'années, beaucoup de changements interviendront: tous les invariants de l'évolution de l'Univers et des vivants terrestres peuvent nous aider à l'imaginer. Mais cela ne nous concerne que marginalement.
- Mais ce qui nous concernent ce sont les dizaines d'années qui sont devant nous: le bébé qui nait à l'instant va mourir dans 80/100 ans. Tous les vivants sont en quête de leurs ressources de vie et leur ressources de reproduction. Sans reprendre tous les invariants de l'humain, nous savons que ses forces ce sont ses mains, son cerveau et sa socialisation. Il faut une gestion terrestre des ressources de vie et des ressources de reproduction fondée sur une pensée organisatrice et une pensée unificatrice. Nous sommes tous frères et seule la théorie de l'évolution des vivants liée à la théorie de l'évolution de l'Univers peut en être le fondement.